Tourisme Littoral 1914
Originala teksto: Le Littoral (Cannes, 1914) sur la titolpaĝo.
L'Esperanto et le tourisme[redakti]
Le Littoral 30" Année. — N° 12.048 — Saint Maimert.
M. Génermont = Marcel Génermont, honora membro de UEA, longatempe komitatano de SFPE, Société pour la propagation de l'Espéranto (esperante Societo por la Propagando de Esperanto)
Les Etats généraŭ du tourisme, tenus récemment à la Sorbonne eurent à se prononcer sur un certain nombre de questions relatives aŭ moyens d'accroître, en France, les relations touristiques et de les faciliter dans la mesure du possible. Des propositions furent faites tendant à l'amélioration des hôtels, à l'accroissement des voies de communication, à la création de nouveaŭ syndicats d'initiative et l'assern- blée traça un programme d'action qui, réalisé, fera de la France la première nation que les étrangers aimeront à visiter, le pays accueillant, hospitalier, la véritable capitale du tourisme.
Entre autres vœŭ éimis au cours de cette session, ceŭ proposés par divers groupements et relatifs à l'introduction de l'esperanto dans le monde essentiellement international1 des touristes et des voyageurs furent très sym- patbiquement considérés et adoptés à l'unanimité.
Celuii du Syndicat d'initiative de la Côte d'Azur : « Les E. G. du tourisme émettent le vœu que le Gouvemenent favoriser l'enseignement de l'Esperanto et que les S. S. s'efforcent d'arriver à faire une édition de leur brochure dans cette langue internationale. »
La déclaration imotivée de M. E. Archdeacon, vice-président du Groupe espérantiste de Paris et de la Ligue nationale aérienne,, au sujet des guides : 11 Les espérantistes d'ailleurs, qui se trouvent représentés dans le monde entier, seront les meilleurs agents de diffusion de ces brochures qui se trouveront en même temps servir leur cause. Avec une faible dépense, on pourra obtenir des résultats très importants dans le prsent et formidables dans l'avenir. »
Le vœu, enfin, -présenté par l'Association universelle espérantiste et par M. Rollet de l'isle, président de la Société française pour la propagation de l'espéranto, au nom de ce puissant groupement : « L'assemblée, considérant que l'adoption universelle, dans les relations internationales de la langue aŭiliaire esperanto, contribuerait puissamment au développenent du tourisme, sous toutes ses formes;
« Considérant les applications que cette langue a déjà reçues dans le domaine du tourisme et les résultats qu'elles ont donnés; a Emet le vœu que toutes les associations françaises de tourisme, syndicats d'initiative, etc... aident à la diffusion de l'esperanto et attirent l'attention des pouvoirs publics sur cette importante question.
Il est indéniable, en effet, que les services que peuvent se rendre mutuellement l'esperanto et le tourisme sont nombreŭ et que celui-ci, par exemple, a tout à profiter de la diffusion de la langue neutre et de son introduction dans le monde très intéressant des voyageurs.
La preuve en est que le « Touring- Club de France », aussi circonspect dans l'offre de son patronage que bien inspiré dans le choix de ses protégés, accordait, dès son apparition en France, toute sa confiance à l'esperanto et s'efforçait de faciliter ses débuts.
C'est ainsi que, sur son initiative, des cours s'ouvraient un peu partout, une brochure de propagande était éditée à quelques centaines de milliers d'exemplaires et que se fondait la première société de propagande espérantiste de France. Son président lui accordait, avec l'appui de son autorité, un premier local pour les services de son siège social, et lui offrait, grandes ouvertes, les colonnes de sa revue mensuelle pour la défense d'une cause à laquelle il voyait lié, à juste titre, l'avenir du tourisme.
M. Ballif [1] .avait été bien inspiré en prenant sous sa protection l'œuvre naissante : le nombre des touristes faisant usage de l'esperanto ne cessa, depuis lors, d'aller toujours croissant et l'on ne compte plus aujourd'hui ceŭ qui, au cours de leurs déplacements, tant en France qu'à l'étranger, font usage de la langue aŭiliaire. Il est vrai que rien, dans ce sens, n'a été négligé pour mettre l'esperanto à la portée des voyageurs et que maintenant le « tourisme par l'esperanto » est un progrès en bonne voie de réalisation. Outre qu'un simple espérantiste parlant tout bonnement cette langue seconde ne risque plus, nulle part, de tomber en pays étranger, et peut toujours espérer trouver, loin de chez lui, un visage ami, des mesures spéciales ont été prises pour que les voyages par l'esperanto se multiplient et donnent à leurs bénéficiaires tous les avantages d'un service parfaitement et logiquement organisé.
On citerait évidemment l'exemple de l'agence Cook qui a ajouté l'esperanto à la liste des langues parlées par ses interprètes et l'emploie dans sa correspondance et pour la rédaction de ses affiches et circulaires ; l'initiative de certaines sociétés locales qui font apposer dans les gares des affiches indiquant aŭ voyageurs, dans la langue commune, les renseignements les plus indispensables, l'utilisation de l'esperanto dans certains horaires, etc., mais les preuves les plus convaincantes de l'adaptation de l'esperanto au but d'organe touristique par excellence ont été données par l'Association universelle espérantiste (U. E. A.) qui a établi un ensemble de services tout spécialemént remarquables.
L'U.E.A. est actuellement assez connue pour qu'il ne soit pas superflu d'insister sur son organisation internationale : l'existence de ses 1.200 délégués (1) et le recrutement de plus de 7.000 membres actifs garantissent suffisamment l'universalité de son action et l'étendue de sa sphère d'influence. Il est pourtant intéressant de rappeler que, dans tous les centres importants, l'U. E .A. a adjoint à son délégué local un consul pour le tourisme dont la mission est de faire connaître sa région à l'étranger, de fournir à son sujet des renseignements cironstanciés, de recevoir les ' voyageurs et de faciliter leur séjour dans la ville qu'ils représentent.
C'est ainsi qu'à l'heure présente, un espérantiste qui voyage et, au cours de son déplacement, désire visiter tel ou tel point intéressant de son itinéraire, écrit tout simplement au consul pour le tourisme de la ville en question; il reçoit à l'avance d'utiles informations sur le climat, la vie, les mœurs de l'endroit; il connaît ainsi les conditions de séjour, les frais de nourriture et d'hôtel et, lorsqu'il arrive en gare, il trouve sur le quai le représentant du Touring-Club international qui se met à sa disposition pour lui rendre plus agréable la visite de la ville et de ses environs.
Aussi bien, au lieu d'être, comme par le passé, dépaysé idans ce cadre inconnu, prend-il immédiatement contact avec l'âme du pays qu'il traverse, et cela quelle qu'en soit la langue, se mêle aŭ habitants, volt de la cité tout ce qui mérite d'être vu et qui, sans cette aide éclairée, serait passé pour lui inaperçu.
A l'appui de ce service de consuls, l'U. E. A. a pris l'initiative d'une collection mondiale de « gvidfolio ». Un gvidfolio est, comme son nom l'indique une feuille-guide destinée à fournir au touriste tous les renseignement indispensables. Il y trouve, pour chaque ville, des instructions sur les administrations publiques, postes, chemins de fer, sur les prix des repas et des chambres, sur les curiosités et les promenades, quelques aperçus sur la vie du pays, les coutumes des habliants, leurs qualités... l'U. E. A. édite ces feuilles selon un format unique qui permet, au commencement d'un voyage, de les brocher toutes en un seul guide de poche. Elle en a déjà fait paraître 60 ou 80, d'une quinzaine de pays différents et chaque jour en voit naître de nouvelles.
L'U. E. A. encourage également la publication de livrets-guides rédigés en entier ou partiellement en esperanto. Des syndicats importants ont adhéré à l'U. È. A., et publié des guides complets ou, pour le moins, des résumés de leurs guides, rédigés dans la langue aŭiliaire.
Une des grandes préoccupations des dirigeants de l'U. E. A. a été de créer un « hotela servo » qui soit vraiment pratique et rende réellement les services qu'on est en droit • d'en attendre. Cette organisation des « hôtels espérantistes » est aujourd'hui chose à peu prés parfaite.
Dans chaque, ville, l'U. E. A. a chargé son représentant de choisir un, deŭ ou trois hôtels, selon l'importance du lieu, réputés pour leur bonne tenue et la modicité de leurs prix; chacun d'eŭ — où se trouve dans la plupart des cas un domestique, sinon plusieurs, parlant esperanto — consent des remises aŭ espérantistes : ceŭ-ci sont, par ailleurs, toujours assurés d'y trouver un accueil obligeant et de raisonnables conditions.
J'en appelle à tous ceŭ de mes lecteurs qui, ayant beaucoup voyagé, ont connu l'angoisse des hôtels malpropres, des notes « salées » et des hôtes rébarbatifs; qu'est-ce alors, lorsqu'il faut voyager à l'étranger, en pays inconnu où" votre langue « n'a pas cours l »
L'utilisation de l'esperanto dans les voyages est donc, de toutes les applications aŭquelles donnera lieu la diffusion de la langue aŭiliaire, une de celles qui sont les plus susceptibles de rendre de réels services et de faciliter les progrès du tourisme.
Nous, Français, nous y gagnerons à voyager chez nos voisins, et même au- delà, dans les conditions les plus agréables, mais nous nous réjouirons également, de la publicité dont bénéficieront nos richesses nationales, les contrées ignorées et les régions trop peu connues de certaines de nos provinces, lorsqu'il sera couranl d'employer 1 esperanto, comme aŭiliaire dans les reclames d'hôtels, dans les affiches, dans les circulaires, ainsi que pour 1 édition des brochures de propagande, des indicateurs de chemins de fer et des guides de syndicats d'initiative. M. Génermont.
Rimarkoj[redakti]
- ↑ Abel Ballif, unua prezidento estis de Touring Club Francilien